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Nouveau procès en appel contre Hamé (La Rumeur) le 18/03/08

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il y a 16 ans 10 mois #25900 par WILFUCK
Depuis 2002, « l’affaire La Rumeur » oppose le ministère de l’Intérieur à Hamé, membre du groupe de rap La Rumeur, accusé de diffamation publique envers la police nationale, pour trois phrases extraites d’un article. Cet article, « Insécurité sous la plume d’un barbare », fut publié en avril 2002, dans un magazine gratuit (La Rumeur magazine) accompagnant la sortie du premier album de La Rumeur, L’ombre sur la mesure. Le ministre de l’Intérieur de l’époque s’appelait Nicolas Sarkozy.

Après deux relaxes, en première instance (jugement rendu le 17 décembre 2004) et en appel (jugement rendu le 22 juin 2006), la cour de cassation a renvoyé, par son arrêt du 11 juillet 2007, Hamé devant la cour d’appel de Versailles. Ce troisième procès aura lieu le 18 mars 2008.


Voici l’article incriminé « Insécurité sous la plume d’un barbare », par Hamé, publié le 29 avril 2002, entre les deux tours de l’élection présidentielle:

Ca y est, les partisans chevronnés du tout sécuritaire sont lâchés. La bride au cou n’est plus et l’air du temps commande aux hommes modernes de prendre le taureau par les couilles. Postés sur leurs pattes arrières, les babines retroussées sur des crocs ruisselant d’écume, les défenseurs de "l’ordre" se disputent à grands coups de mâchoires un mannequin de chiffon affublé d’une casquette Lacoste.

Sociologues et universitaires agrippés aux mamelles du ministère de l’intérieur, juristes ventrus du monde pénal, flics au bord de la crise de nerfs en réclamation de nouveaux droits, conseillers disciplinaires en
zone d’éducation prioritaire, experts patentés en violences urbaines, missionnaires parlementaires en barbe blanche, journalistes dociles, reporters et cinéastes de "l’extrême", philosophes amateurs des
garden-parties de l’Elysée, idéologues du marché triomphant et autres laquais de la plus-value ; et bien évidemment, la cohorte des responsables politiques candidats au poste de premier illusionniste de France... tous, jour après jour, font tinter en prime-time le même son de cloche braillard : "Tolérance zéro " !!! "Rétablissement de l’ordre républicain" bafoué "dans ces cités où la police ne va plus".

Ils sont unanimes et hurlent jusqu’à saturation, à longueur d’ondes et d’antenne, qu’il faut "oser" la guerre du "courage civique" face aux hordes de "nouveaux barbares" qui infestent la périphérie de nos villes.
Qu’on en finisse avec le diable !!! l’ennemi intérieur, fourbe et infâme, s’est immiscé jusque dans nos campagnes et y a pris position. Ne craignons pas les contrats locaux de sécurité, les couvre-feux,
l’abaissement de l’âge pénal à 13 ans, l’ouverture de nouveaux centres de détention pour mineurs, la suppression des allocations familiales aux familles de délinquants... Que la caillera se le tienne pour dit, la
République ne laissera pas sombrer le pays dans le chaos apocalyptique des vols de portables, du recel d’autoradios ou du deal de shit sous fond de rodéos nocturnes...

La République menacée, la République atteinte mais la République debout !!! Quelle leçon d’héroïsme ! Quelle lucidité d’analyse ! Et quel formidable écran de fumée !! A la table des grand-messes, la misère poudreuse et les guenilles post-coloniales de nos quartiers sont le festin des élites. Sous les assauts répétés des faiseurs d’opinion, les phénomènes de délinquance deviennent de strictes questions policières de maintien de l’ordre ; les quartiers en danger se muent en quartiers dangereux dont il faut se protéger par tous les moyens ; et les familles immigrées victimes de la ségrégation et du chômage massif, endossent la responsabilité du "malaise national".

La crème des auteurs de la pensée sécuritaire joue à l’idiot à qui on montre la lune du doigt et qui regarde le doigt. Exit les causes économiques profondes. Exit les déterminismes sociologiques. Exit le risque que le débat prenne un jour l’aspect d’un réquisitoire contre les vrais pourvoyeurs d’insécurité : ceux-là même
qui ont réduit des centaines de milliers de famille à vivre avec 4000 francs par mois ; ceux-là même qui appellent de leurs voeux les plus chers la marche forcée vers " l’économie de marché débridée ".

Nous ne lirons pas, dans la presse respectable, que les banlieues populaires ont été, depuis une vingtaine d’années, complètement éventrées par les mesures économiques et sociales décidées depuis les plus hautes sphères de l’Etat et du patronat pour pallier à la crise sans toucher à leur coffre-fort.

Nous n’entendrons pas sous les luminaires des plateaux de télévision, qu’à l’aube maudite du mitterrandisme, nos parents et nos plus grands frères et soeurs ont été les témoins vivants d’une dégradation sans précédent de leur situation déjà fragilisée. L’histoire officielle ne retiendra pas l’énergie colossale déployée par les gouvernements des trois dernières décennies pour effacer les réseaux de solidarité ouvrière enracinées dans nos quartiers [1] Pas plus qu’elle ne retiendra le travail de récupération et de sape systématique des tentatives d’organisation politique de la jeunesse des cités au milieu des années 80 [2].
Qui parmi les scribouillards du vent qui tourne s’indignera de l’opacité entretenue vis-à-vis de la vallée de larmes et de combats que fut l’histoire de nos pères et grands-pères ? Parmi ces hommes de paille éructant
la "croisade républicaine", combien déclareront la guerre du "courage civique" devant les ravages psychologiques du mépris de soi chez des générations qui atteignent la vingtaine avec 8 ans d’échec scolaire et 3 ans de chômage ? Les logiques d’autodestruction (toxicomanie, alcoolisme, suicide...) où certains d’entre nous sont conduits par pur désespoir et complète perte de foi en l’avenir, mériteront-elles quelconque voix au chapitre de l’insécurité ?

Les pédagogues du dressage républicain n’auront pas en ce sens la critique fertile. Ils n’esquisseront nulle moue face à la coriace reproduction des inégalités sociales au travers des échelons du système scolaire, ni
l’élimination précoce du circuit de l’enseignement de larges franges de jeunes qui ne retiennent de l’école que la violence qui leur a été faite. Les rapports du ministère de l’intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu’aucun des assassins n’ait été inquiété. Il n’y figurera nulle mention de l’éclatement des noyaux familiaux qu’ont provoqué l’arsenal des lois racistes Pandraud-Pasqua-Debré-Chevènement et l’application à plein rendement de la doublepeine.

Les études ministérielles sur la santé refermeront bien vite le dossier des milliers de cancers liés à la vétusté de l’habitat ou au non-respect des normes de sécurité sur les chantiers de travail. La moyenne effroyablement basse de l’espérance de vie dans nos quartiers ne leur semblera être, elle aussi, qu’un chiffre indigne de tout commentaire. Bref, ils n’agiteront jamais au vu de tous le visage autrement plus violent et criminel de l’insécurité. Aux humiliés l’humilité et la honte, aux puissants le soin de bâtir des grilles de lecture.

À l’exacte opposée des manipulations affleure la dure réalité. Et elle a le cuir épais. La réalité est que vivre aujourd’hui dans nos quartiers c’est avoir plus de chance de vivre des situations d’abandon économique, de fragilisation psychologique, de discrimination à l’embauche, de précarité du logement, d’humiliations policières régulières, d’instruction bâclée, d’expérience carcérale, d’absence d’horizon, de repli individualiste cadenassé, de tentation à la débrouille illicite... c’est se rapprocher de la prison ou de la mort un peu plus vite que les autres...

Les hommes et les femmes qui dirigent ce pays savent tout cela. Ils savent aussi que la libéralisation massive de la vie économique française est en très bonne voie. Ils savent que les privatisations, les fusions, les délocalisations de nombreux secteurs d’activité vont se généraliser comme va se généraliser la paupérisation. Ils savent que la nouvelle configuration du marché exige la normalisation du salariat précaire et l’existence d’une forte réserve de chômeurs et de sans-papiers.
Et ils savent surtout que les banlieues populaires (parce qu’elles subissent de plein fouet et avec le plus d’acuité les mutations de la société française) sont des zones où la contestation sociale est susceptible de prendre de radicales formes de lutte si elle trouve un vecteur qui l’organise. On comprendra qu’il est de nécessité impérieuse d’installer toujours plus d’instruments de contrôle et de répression "éclair" au sein de nos quartiers. On comprendra que le monde du pouvoir et du profit sans borne a tout intérêt à nous criminaliser en disposant de notre mémoire et de nos vies comme d’un crachoir.

Notes

[1] Dans les années 60-70, les quartiers du monde ouvrier étaient encore traversés de réseaux de solidarité vivaces et actifs au travail ou sur les lieux de vie. Les milieux de l’immigration ouvrière ont toujours combattu en première ligne lors des grands conflits sociaux qui secouèrent la France. En dépit de conditions de vie extrêmement pénibles : maigres salaires, logement extrêmement précaire (bidonvilles, caves, chambres insalubres à plusieurs...), situations de ségrégation, crimes xénophobes,
déchirement intérieur de l’exil... nos parents avaient conquis les instruments de lutte (cellules, partis, syndicats) indispensables à la formulation d’un rêve de progrès collectif et d’un avenir plus enviable à offrir à leurs enfants. Ils avaient conscience de participer à l’histoire et de maîtriser ne serait-ce qu’une parcelle de leur destinée. Cette culture ouvrière politisée a volé en éclats sous l’impact des effets multiples de la crise (licenciements massifs, paupérisation, répression de fer des foyers de résistance et de grève, démantèlement, délocalisation des bastions ouvriers - Renault-Billancourt par exemple -, enfouissement rapide de la mémoire de ces luttes sous l’euphorie mitterrandienne, sauve qui peut individualiste...). Pour l’instant, rien ne l’a remplacée.

[2] Notamment au travers d’organisations comme SOS racisme, crée de toutes pièces par le pouvoir PS de l’époque pour contribuer à désamorcer le radicalisme des revendications de la Marche des beurs : l’égalité des droits devient l’égalité devant l’entrée des boîtes de nuit. La justice pour les jeunes assassinés par la police disparaît sous le colosse slogan médiatique "Touche pas à mon pote !" ou "Vive le métissage des couleurs !", etc.

www.la-rumeur.com/

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il y a 16 ans 10 mois #25906 par pointàlaligne
C'est incroyable un tel acharnement !!

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il y a 16 ans 10 mois #25907 par WILFUCK
Là oui clairement, ca tombe dans l'extrême !

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il y a 16 ans 3 mois - il y a 16 ans 3 mois #32232 par WILFUCK
"Bonne" nouvelle

Le rappeur Hamé relaxé pour diffamation envers la police
Le rappeur, poursuivi par le ministère de l'Intérieur pour des propos dénonçant des policiers "assassins", a été relaxé par la cour d'appel de Versailles qui considère que ses propos ne sont pas diffamatoires.



Le rappeur Hamé relaxé pour diffamation envers la police
La cour d'appel de Versailles a relaxé mardi 23 septembre Hamé, l'un des rappeurs du groupe "La Rumeur", poursuivi par le ministère de l'Intérieur pour des propos dénonçant des policiers "assassins". La cour considère que les propos de Hamé ne sont pas diffamatoires, clôturant ainsi une procédure qui aura duré plus de cinq ans.
Le tribunal de Versailles confirme la relaxe, déjà prononcée en juin 2006 par la cour d'appel de Paris.
Hamé était poursuivi pour des propos publiés en avril 2002 dans un fanzine accompagnant la sortie d'un album de son groupe, à une époque où Nicolas Sarkozy était ministre de l'Intérieur.

"Des centaines de nos frères abattus par les forces de police"

"Les rapports du ministère de l'Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu'aucun des assassins n'ait été inquiété", avait notamment écrit Mohamed Bourokba, dit Hamé.
Le 3 juin dernier, l'avocat général de la cour d'appel de Versailles avait demandé qu'une peine "particulièrement significative" soit prononcée à l'encontre de Hamé.
"Il s'agit d'allégations outrancières qui portent atteinte à l'honneur et à la considération de la police nationale dont on affirme qu'elle agit criminellement sans jamais confondre ceux qui, en son sein, commettent de tels crimes", avait déclaré Me Daniel Renaut.

HAMÉ RELAXÉ FACE AU MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR
"Une victoire par K-O"
Votre réaction après la décision de la cour d'appel de Versailles de vous relaxer dans l'affaire qui vous opposait au ministère de l'Intérieur ?

- L'affaire a commencé début 2002 : six ans de procédure, quatre jugements, et c'est là la troisième relaxe. L'arrêt de la cour statue sur une complète relaxe. C'est une victoire par K-O, une victoire à plate couture.
Le plus intéressant dans cet arrêt est que la décision ne remet pas en cause le fond de l'affaire, c'est-à-dire que les propos écrits sur "nos frères abattus par les forces de police" ne sont pas diffamatoires.

L'avocat général avait demandé en juin dernier une "peine significative" et vous risquiez jusqu'à 45.000 euros d'amende. Qu'est-ce qui a joué selon vous ?

- J'ai été vraiment surpris par l'arrêt de la cour d'appel. On ne connaîtra pas les détails de cette décision.
A la sortie du tribunal aujourd'hui, je me suis demandé si cette affaire n'avait pas été aussi le reflet d'un affrontement, d'une guerre, entre la magistrature et le pouvoir politique et policier. La cour a peut-être voulu montrer qu'elle n'était pas qu'une simple pièce d'enregistrement. Mais il reste dix mille points d'interrogation sur cette décision finale.
Cette relaxe a été aussi le résultat d'une défense qui s'est bien battu. Je tiens à saluer son super boulot. Nous avons choisi d'assumer la dimension politique de l'affaire et nous avons plaidé sur tous les terrains, aussi bien historique, politique et même linguistique. L'objet du délit était un article, un pamphlet et nous avons fait témoigner une linguiste qui a bien expliqué que le pamphlet appartenait à une tradition littéraire française. Tout le travail de la défense a été remarquable depuis le début de l'affaire.

Est-ce vraiment la fin de six ans de procédure pour vous ?

- Pour nous, c'est vraiment terminé. En revanche, le ministère de l'Intérieur a trois jours pour se pourvoir en cassation. On saura d'ici vendredi, voire même dans quelques heures, comment il réagit.
Mais désormais à ce stade, la justice a confirmé que je peux dire et continuer à dire : "Les rapports du ministère de l'Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu'aucun des assassins n'ait été inquiété".

Interview de Hamé par Séverine De Smet
(le mardi 23 septembre 2008)

Dernière édition: il y a 16 ans 3 mois par WILFUCK.

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il y a 16 ans 3 mois #32239 par arioch

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il y a 16 ans 3 mois #32241 par Born Sleepy
Re-Yeah! :)
En ces temps troubles, une bonne nouvelle comme celle là, ça s'arrose!

Et encore un grand bravo à la justesse des propos de la Rumeur!

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il y a 16 ans 3 mois #32262 par stereotommy
Enfin une bonne nouvelle dans ce pays de moutons gouvernés par celui qui affame les pauvres pour mieux engraisser les riches.

Il est plus difficile de briser un préjugé qu'un atome !
Albert Einstein

Fichier attaché :

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il y a 16 ans 3 mois #32264 par CoreBack

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il y a 16 ans 2 mois #32448 par lo_ol
ouais, ben la bonne nouvelle n'aura pas duré très longtemps, c'est reparti pour un tour:
www.lejdd.fr/cmc/societe/200840/l-interi...a-rumeur_153907.html

heureusement, on sait maintenant que sarko s'acharnera tout pareil sur les vilains banquiers et les méchants traders... :silly:

~~~~~ mAkE SoME fuCKiNg NoIsE ~~~~~

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il y a 16 ans 2 mois #32450 par WILFUCK

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il y a 16 ans 2 mois #32457 par baboon
c de l'acharnement.

mais bon ça étonne qui ?

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il y a 16 ans 2 mois #32463 par WILFUCK
baboon écrit:

c de l'acharnement.

mais bon ça étonne qui ?


J'ai pas envie de plus être étonner un jour par ce genre de choses.

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